L’UNITÉ

YI

© Corps et Mouvement

 

 

Le premier mouvement de la Forme présente une forte résonance avec le tracé du premier sinogramme : yī,le chiffre 1, l’unité.

Le pratiquant de TJQ démarre l’enchainement par une posture verticale, suspendue et immobile comme un pinceau tenu délicatement entre les doigts.

L’immobilité, le silence et l’espace figurent la page blanche.

Le premier geste, n’est pas encore un tracé : c’est le moment où le pinceau se gorge d’encre ; il consiste (dans la Forme) à inspirer – se « remplir » d’air, et « poser » le coccyx, comme on pose la pointe du pinceau, fermement et délicatement.

Puis, sans hésitation, la première action est « lâché », avec la simplicité figurative de « l’unique trait de pinceau » cher à Shitao (le moine Citrouille amère).

Puis, le Souffle se déploie dans le corps et organise les différents tracés.

 

 

 

Le mécanisme (de la respiration inversée) est lié au bassin et au rachis, à travers un réseau de chaines musculaires.

Trois lieux « stratégiques », limitent la circulation du souffle du coccyx à l’axis (les lordoses lombaires et cervicales et la cyphose thoracique) qu’on désigne sous le terme de 三關 sānguān : trois « passes » (ou trois portes – souvent fermées).

Le terme est chinois, mais la théorie générale se retrouve dans de nombreuses disciplines traditionnelles.

Les 3 passes du dos sont bien connues : c’est là où l’on a mal… La libération de ces lieux stratégiques permet la mise en place de la circulation du souffle, dans les Reins en particulier.

« Les reins sont les viscères d’une région extrêmement importante dans la méditation taoïste […]celle de la Source mystérieuse de la vie. (Isabelle Robinet – Méditation taoïste)»

L’action s’exprime dans un autre circuit : spirale des jambes, Centre, spirale des bras.

Les deux se réunissent au Centre qui assure le rôle complexe et déterminant d’union à travers la mobilisation respiratoire du sacrum et la mobilisation du bassin dans l’action.

Cette union prend la forme d’une respiration centripète et centrifuge, depuis le Dantian.

 

© Corps et Mouvement

 

 

 

L’union des circuits, forme le projet global de la discipline. On la trouve assez bien représentée à travers une version moins utilisée du Taijitu (au format de Lai Zhi-De 來知德) où l’on perçoit le mouvement de l’enroulement central et l’expansion périphérique (suivant le sens de rotation).

L’intention est déterminante ; deux exercices de formes extérieures identiques peuvent mener dans des directions très différentes, voire opposées. Mais cette intention est aux limites de la conscience ; la « carte interne » du geste est même complètement inconsciente pour la plupart des étudiants (d’où le taux de dépression élevé chez les enseignants de TJQ).

 

 

 

 

 

Pour aller plus loin

Ce que propose la tradition chinoise avec des termes étranges et une forme exotique répond à une problématique universelle assez simple : 99% de notre motricité et de notre tonicité est inconsciente. Si l’on admet que l’esprit et l’énergie sont dans le corps, on doit accepter qu’ils répondent aux mêmes critères.

Mais c’est encore pire : il ne s’agit pas de contrôler le corps et la conscience (heureusement !) mais de restaurer leur liberté originelle. (Pour plus de détails, venez en cours : nous touchons aux limites de la description).

 

 

 

error: Content is protected !!