LA FORCE
LI
« Avant d’apprendre les arts de la boxe, il n’y a pas de différence entre la puissance et la force, mais une fois que vous apprenez, vous devez les distinguer clairement »
L’enseignant répète : « pas de force … » et tout le monde l’a bien en tête. Mais en tête seulement !
L’utilisation privilégiée de « tests d’action » pour valider l’efficacité de la pratique n’est pas étranger à ce biais. Ces test doivent s’entendre comme un terrain d’expérience et de progression vers l’absence de force volontaire, condition de l’expression de la puissance.
La force s’exerce vers l’extérieur. La puissance s’inscrit dans une boucle d’évolution du corps avec une fonction de transformation interne.
Chacun comprend en fait ces consignes en fonction de son niveau de réalisation, avec, là encore, beaucoup de malentendus.

© Corps et Mouvement
Le plus commun étant de confondre « pas de force » avec « pas d’effort à l’entrainement», ce qui est évidemment un contre sens : il faut beaucoup d’engagement physique pour lâcher l’utilisation de la force.
Avec, à nouveau, un « faux ami » : 力 lì, désigne la « force », mais également l’application laborieuse : « s’efforcer de », « faire de son mieux ». çàd l’opposé de 无为 wú wéi , précisément construit avec l’absence wú 无 de wéi 为 : « action » ! (souvent traduit pas « non faire »).
Pour « faire » simple, cela désigne l’attitude intérieure joyeuse et pleine d’élan du pratiquant (qui n’est pas en train de « travailler ») et la qualité « libre » de l’action qui est lâchée « comme lorsqu’on jette une pierre ».
Si l’entrainement devient laborieux vous en serez vite lassé, ou, tout du moins, vous l’aborderez avec un esprit trop rigide.
Le TJQ est un moyen puissant d’évolution : la puissance doit s’entendre aussi (surtout ?) dans ce sens.

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L’entrainement suit un fil tressé avec trois brins : l’étude avec un enseignant habile (dépositaire d’une transmission traditionnelle), l’entrainement avec un adversaire efficace, l’alchimie interne du souffle. C’est la qualité de l’assemblage qui déterminera la progression.
Pour aller plus loin
Les applications martiales du TJQ reposent sur une utilisation très habile du vide, qui consiste, plus ou moins, à interagir avec l’espace qu’occupe l’adversaire en mouvement, c’est à dire l’espace vide, au lieu de se confronter en bloquant une frappe par exemple. Les différentes formes d’entrainement avec un adversaire proposent des modélisations de cette approche, une nouvelle expression de 無為 wú wéi.
L’engagement avec un adversaire est un outil nécessaire, comme le pinceau pour le calligraphe, ou comme nos deux mains « adverses » permettent de réaliser toutes les actions.