LA FORME
Enchaînement de mouvements fluides, qui dure entre 20 et 40 minutes suivant la vitesse d’exécution ; le rythme évolue car il suit celui de la respiration qui tend à se ralentir au fur et à mesure que la pratique devient plus interne.
La Forme est le langage du TJQ : comme pour les sinogrammes il faut d’abord la « dessiner » avant d’en apprécier le sens (l’essence). Chaque école suit une Forme particulière bien que la plupart aient des origines communes.
La vie se manifeste dans le corps par le mouvement ; son arrêt signe la mort – le mouvement est vraiment la marque et la source de l’énergie vitale. L’enfant est en mouvement incessant, le vieillard évolue doucement vers l’immobilité.
Mais l’essentiel du mouvement est inconscient : nous sommes en mesure de décider précisément ce que nous allons faire, mais pas comment nous allons procéder. La sélection fine des dizaines de muscles qui entrent en jeu dans un mouvement simple est hors de notre décision volontaire.
Pourtant, le TJQ fait le pari d’intervenir sur ces circuits internes fondamentaux et de les faire évoluer suivant deux lignes qui se suivent pour finalement se rejoindre :
Un axe centré sur la respiration : ordinaire – inversée – souffle interne, à travers les principes Yin Yang.
Un axe centré sur la transmission du mouvement à travers le corps en particulier à travers spirales et centre.
Finalement souffle et action se réunissent dans une seule intention : tout le corps est devenu respiratoire – l’action martiale s’exprime sous forme de transmission fluide, suivant les circuits d’une respiration « interne ».
Ces deux lignes s’expriment à travers le sinogramme 形 xíng désignant la Forme :
La décomposition du caractère xíng [la forme] fait apparaître deux parties :
La phonétique qui est, étymologiquement, l’image de deux plateaux de balance en équilibre : il y a quelque chose de bien bâti et solidement équilibré, pour servir de base, d’assise.
le radical : ce sont les poils, les plumes, les cheveux; quelque chose de léger et de flottant qui vient revêtir et orner l’assise, la désignant au regard en manifestant la vie par le mouvement de flotter au vent.. [Elisabeth Rochat de la Vallée] c’est le mouvement libre qui suit un souffle naturel.
C’est l’aspect yin/yang de la forme : une structure solide et la légèreté fluide du souffle ; respirer le mouvement est à la fois une manière incroyablement joyeuse de renouer avec nos ressources internes et – d’un point de vue martial – une façon habile et efficace d’habiter les techniques de projection, de frappes, ou de coupe avec les armes.