L’UNITÉ

YI

© photo Séverine Hamon

 

 

 

 

 

 

« A propos du Ciel-Terre, je pense à l’idéogramme un qui s’écrit d’un seul trait horizontal. Ce caractère, dans la pensée chinoise, représente le trait initial,  le souffle primordial qui séparait le Ciel et la Terre ; il signifie par conséquent à la fois la division et l’unité  A partir de ce caractère, comment ne pas penser à la théorie de l’Unique-trait-de-pinceau chère au grand peintre du XVIIe siècle Shitao. Selon ce dernier, l’Unique-trait-de-pinceau, unité de base, implique tous les traits possibles et imaginables ; il incarne à la fois l’un et le multiple, à l’instar du Souffle primordial qui est unité de base et anime tous les êtres. »
François Cheng – Vide et Plein

 

 

 

Notre page vierge, le vide originel est l’immobilité qui précède le geste.

Le premier geste, correspond au premier inspir de la forme qui précède toute action : ouvrir le cercle des bras pour ouvrir le diaphragme, et le deuxième, poser les talons, les paumes et le bassin en appui ferme et plein sur la Terre. C’est le préambule à lâcher le premier trait, la première action jaillie du corps unifié, enraciné et respiré.

En français, le mot d’Unité désigne à la fois l’UN (l’unique, le chiffre 1) et l’idée d’UNION.

Au début, le corps bouge de manière désordonnée et rigide ; l’esprit est dispersé, incertain. Le premier travail est de discipliner les deux, en retrouvant, à l’intérieur du corps, les lignes naturelles du geste.

C’est paradoxalement le travail de Yin/Yang qui va commencer à construire cette unité vivante.

© photo Séverine Hamon

 

 

 

 

Tous les autres niveaux internes vont participer à cette unité retrouvée :

les spirales en déployant les circuits entre pieds et mains, à travers jambes et bras

Le centre en rappelant la conscience de la périphérie et de l’espace.

L’axe en retraçant la polarité entre pesanteur et aspiration. Le souffle reliant l’ensemble, l’intérieur et l’extérieur.

Ce chemin vers l’unité débute par une revue de détail : les bras, puis les jambes, les hanches, l’axe vertébral : ce ne sont encore que des « Formes » (center move form, QI form…). Ces 6 principes formels vont ensuite se conjuguer pour revenir vers une globalité.

 

 

 

 

 

Cette notion d’UNITE, pour le corps humain, renvoie à celle de CIRCUIT, et de CIRCULATION.
La représentation des « méridiens » d’acupuncture sont probablement ce qui traduit le mieux la sensation de circulation qui accompagne la pratique interne du Taiji Quan. Mais l’Unité a une dimension plus vaste :

    « Une fois que vous comprenez que la Voie n’est pas loin de l’être humain, alors l’univers peut être discuté. Il est constitué d’une seule entité, le ciel au-dessus, le sol en dessous et l’humanité au milieu.

      Si vous pouvez examiner le monde, et ne faire qu’un avec l’éclat du soleil et de la lune, avec la grandeur et l’érosion du paysage, avec la croissance et le flétrissement des saisons, avec le développement et la décomposition des plantes, et vous accommoder des faveurs et des froncements de sourcils des esprits, et comprendre la montée et le déclin des affaires humaines, alors on peut discuter de l’univers plus vaste du ciel et du sol, et de l’univers plus petit qu’est l’être humain[…]

     Si vous n’oubliez pas vos talents innés, ni votre noble énergie, en la nourrissant constamment et sans jamais lui nuire, vous survivrez indéfiniment. On dit donc qu’un être humain est un petit univers. »

EXPLAINING TAIJI PRINCIPLES attributed to Yang Banhou – vers 1875[translation by Paul Brennan, Sep, 2013]

 

 

 

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